Dans son ouvrage « Psychothérapies et relations humaines », Carl Rogers définit l’empathie comme la capacité ou la manière de percevoir le monde subjectif d’autrui « comme si » on était cette personne. Mais la condition qu’il ne faut surtout pas perdre de vue, c’est qu’il s’agit d’une situation semblable « comme si ». Autrement dit, je perçois et j’explique les sentiments et les perceptions d’une personne comme elle, en gardant bien à l’esprit que ce sont les siennes et non les miennes. Sinon, il ne s’agit plus d’empathie mais d’identification.

Sur un autre registre, je peux aussi partager les ressentis d’autrui sur un mode compassionnel. La compassion est définie comme un sentiment de pitié qui nous rend sensible aux malheurs d’autrui. Dans ce cas de figure, je partage la peine, la tristesse, le malheur avec cet autre qui me sensibilise. La compassion implique davantage les individus car elle est au centre d’une relation presque fusionnelle. La frontière entre moi et l’autre s’amincit, et je risque de le rejoindre dans ses difficultés au point de me laisser happer par ses malheurs. Je souffre avec lui/elle et sans en prendre pleinement conscience, je peux aussi porter ses fardeaux.

Dans la relation empathique, il est donc important de différencier mes éprouvés de ceux de l’autre. L’autre n’est pas moi et je ne suis pas l’autre. Derrière cette évidence, il me semble important de rappeler que cette différenciation permet d’éviter de projeter, d’attribuer à l’autre ce qui émane de moi, mes valeurs, mes ressentis, mes croyances... De façon un peu raccourci, l’idée est que je ne me prends pas comme référence pour rendre intelligible le monde subjectif d’autrui. J’écoute, j’accueille et je reçois l’autre tel(le) qu’il/elle est, autant dire que cette posture n’est pas donnée d’emblée dans les relations humaines, cependant à bien y réfléchir elle est possible...



Nathalie PAAS



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